VENDREDI SAINT

« En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé ».

Nos yeux aujourd’hui se posent sur l’Homme de douleurs, le visage ensanglanté, le corps lacéré par le fouet, le corps hissé sur la croix de Jésus-Christ. Le spectacle est lugubre. Il invite même à détourner le regard car « son aspect n’avait rien pour plaire ». Et pourtant c’est à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Mais parce qu’Il est le serviteur, juste et fidèle, nous dit le prophète, « il réussira, il montera, il s’élèvera, il sera exalté ». Parole d’espérance ! Puisque ce n’est pas encore la foi glorieuse de Pâques qui s’offre à nous mais la foi douloureuse qui nous est demandée …..toujours la foi !
L’évènement du calvaire est une invitation à une relecture de la vie, à une compréhension nouvelle des épreuves, des souffrances et même de la mort, de nos morts. Au calvaire, Jésus a pris toutes nos souffrances avec lui. Il s’est chargé de nos douleurs, rien ne lui a échappé. « Depuis l’épreuve incompréhensible de l’enfant qui souffre, jusqu’aux tourments du malfaiteur crucifié avec lui et qui sait qu’il paie ses crimes, il a tout assumé : les détresses, les angoisses les peurs, les incompréhensions, les trahisons, les martyres, les tortures de l’âme et du corps, les paroles haineuses, la calomnie, le déchainement de la violence brute, les humiliations qui tuent plus cruellement que les armes…Le cosmos entier lui-même qui gémit dans les douleurs de l’enfantement, il l’a pris avec lui sur la croix ». Et dans un geste d’abandon, d’offrande, il a tout remis dans les mains du Père. Ce Père qui, seul, peut le délivrer de la mort : « Père, entre tes mains je remets mon Esprit ».
Et déjà, dit saint Luc, brille les lumières de Pâques. L’Alléluia est déjà là, présent dans cette foi douloureuse mais habitée par l’Amour et l’Espérance du Serviteur.

Père Rodrigue ABOTSI