Une vertu chrétienne : l’hospitalité

Dans la tradition biblique, l’hospitalité est une source de bénédiction et un devoir sacré. Il y a plusieurs raisons à cela : Premièrement, Dieu aime l’étranger : « Car c’est le Seigneur votre Dieu qui est le Dieu des dieux et le Seigneur des Seigneurs, le Dieu grand, puissant et redoutable, l’impartial et l’incorruptible, qui rend justice à l’orphelin et à la veuve, et qui aime l’émigré en lui donnant du pain et un manteau ». ( Dt 10, 17-18). C’est en étranger qui vient vers Abraham, Tobie etc…Deuxièmement c’est une question de justice car l’Etranger est vulnérable parce que privé a priori des moyens de subsistance dans une société antique ou le bien primordial qui assure la sécurité est la terre. Troisièmement, Israël, lui-même, est un peuple en chemin qui a vécu plusieurs fois l’exil et ne doit pas l’oublier (Dt 24, 19-29

Enfin l’hospitalité est source de bénédiction (Gn 18,1-8 ; 1R 17, 17-24. C’est le cas notamment dans l’épisode de Mambré où Abraham accueillant trois mystérieux visiteurs sous un chêne reçu l’annonce de la naissance de son fils Isaac. C’est également grâce à l’hospitalité qu’elle lui a accordé qu’Elie ressuscite la fille de la veuve de Sarepta. De même Elisée, bénéficiant de l’accueil de la Sunamite lui promet qu’elle aura bientôt un fils. On sait enfin que Jésus lui-même appréciait beaucoup l’hospitalité de la maison de Béthanie où il aimait se retirer pour se reposer où Marthe et Marie eurent la joie de le voir ressusciter leur frère Lazare.

Aujourd’hui porté soit par la curiosité ou contraints par des situations conjoncturelles ou encore par le simple désir de rompre avec le train-train quotidien nous quittons nos lieux de vie ou encore notre sol natal à la recherche d’un mieux-être. De sorte que le nomadisme est devenu la condition de l’homme moderne. Qu’il soit désigné à l’international du nom de migrations (avec toutes les phobies que cela peut susciter) ou à l’infranational de mobilité, le migrant, le travailleur mobile ou détaché ou le simple vacancier posent les mêmes défis ; ceux de la rencontre de l’autre venu d’ailleurs et de l’hospitalité.

En nous rappelant l’exemple de nos Pères dans la foi, la parole de Dieu nous invite à notre tour à voir le visage de Dieu dans l’autre, l’étranger. Et, nonobstant les difficultés de la rencontre, à les rendre heureux. Rappelons-nous constamment l’exhortation de la lettre aux hébreux : « N’oubliez pas l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges » ( He, 13, 2)

Père Rodrigues