« Reste avec nous, Seigneur, le soir approche »

« Telle fut l’invitation insistante que les deux disciples, faisant route vers Emmaüs le soir même du jour de la résurrection, adressèrent au Voyageur qui s’était joint à eux le long du chemin. Habités par de tristes pensées, ils n’imaginaient pas que cet inconnu était bien leur Maître, désormais ressuscité.


Ils faisaient toutefois l’expérience d’un « désir ardent » et profond, tandis qu’il leur parlait, leur « expliquant » les Écritures. La lumière de la Parole faisait fondre la dureté de leur cœur et « ouvrait leurs yeux ». Entre les ombres du jour déclinant et l’obscurité qui envahissait leur esprit, ce Voyageur était un rayon de lumière qui ravivait en eux l’espérance et qui ouvrait leurs cœurs au désir de la pleine lumière. « Reste avec nous », supplièrent-ils. Et il accepta. D’ici peu, le visage de Jésus aurait disparu, mais le Maître « demeurerait » sous le voile du « pain rompu », devant lequel leurs yeux s’étaient ouverts […]

Sur la route de nos interrogations et de nos inquiétudes, parfois de nos cuisantes déceptions, le divin Voyageur continue à se faire notre compagnon pour nous introduire, en interprétant les Écritures, à la compréhension des mystères de Dieu. Quand la rencontre devient totale, à la lumière de la Parole succède la lumière qui jaillit du « Pain de vie », par lequel le Christ réalise de la manière la plus haute sa promesse d’être avec nous « tous les jours jusqu’à la fin du monde » […]
[Ainsi donc], aux disciples d’Emmaüs qui demandaient à Jésus de rester « avec » eux, ce dernier répondit par un don beaucoup plus grand : il trouva le moyen de demeurer « en » eux par le sacrement de l’Eucharistie. Recevoir l’Eucharistie, c’est entrer en communion profonde avec Jésus. « Demeurez en moi, comme moi en vous » (Jn 15,4). Cette relation d’union intime et mutuelle nous permet d’anticiper, en quelque manière, le ciel sur la terre. N’est-ce pas là le plus grand désir de l’homme ? […] Après avoir reconnu le Seigneur, les deux disciples d’Emmaüs « se levèrent à l’instant même » (cf. Lc 24,33) pour communiquer ce qu’ils avaient vu et entendu. Lorsqu’on a fait une véritable expérience du Ressuscité, se nourrissant de son corps et de son sang, on ne peut garder pour soi seul la joie éprouvée. La rencontre avec le Christ, approfondie en permanence dans l’intimité eucharistique, suscite dans l’Église et chez tout chrétien l’urgence du témoignage et de l’évangélisation » (Saint Jean Paul II)
Aujourd’hui, à nous d’en être les témoins.
P. Rodrigue ABOTSI