LE PARDON, UNE VICTOIRE DE LA MISERICORDE SUR LE PECHE

 Quelles que soient les infidélités de l’homme, la miséricorde de Dieu lui est acquise sans défaillance. C’est ainsi que l’auteur de la première lecture interprète après coup l’histoire de l’exil babylonien. »


Pardonner, c’est rendre le bien pour le mal (R12, 21), la douceur contre la violence (Mt5, 39), la bénédiction contre la malédiction (Lc6, 28), l’amour contre la haine (Mt5, 44) …. Et cela non pas une ou deux fois en passant mais 70 fois 7 fois, c’est toujours infiniment (Mt18, 22). Quel héros peut réaliser indéfiniment un tel exploit ? Le sage a raison quand il affirme : ‘‘l’erreur est humaine, le pardon est divin’’. Compte tenu du fait que le pardon n’est pas une réalité évidente avec exigence d’un pas de plus, il faut de la volonté pour se résoudre à entrer en action qui est, soit demander pardon ou soit l’accorder. Désirer, vouloir et agir sont les trois maillons forts qui favorisent la manifestation de la miséricorde par le pardon donné et reçu. Quand nous parlons de maillons, ceci nous permet de définir autrement la miséricorde et le pardon.
En effet, au-delà de son sens étymologique latin connu, le terme miséricorde pourrait inspirer en français deux mots : misère et corde. Ainsi nous pourrons nous permettre de définir la miséricorde comme ‘‘les cordes qui sont lancées à la misère’’. L’homme pécheur est tenu en esclavage. Le pardon vient comme pour libérer le pécheur des liens de cette corde de la misère esclavagiste grâce à la corde nouvelle que la miséricorde lance à cette misère pour la libérer.
Il y a donc deux cordes en jeu : La corde du péché vaincue par la corde de la miséricorde opérée par le mystère du pardon. Le miséricordieux est celui qui sait voir : « j’ai vu la misère de mon peuple et je suis descendu pour le délivrer » (Ex 3).
Le pardon accordé ou reçu est donc la victoire de la miséricorde sur le péché. Celui qui désire, veut et demande ou accorde le pardon, c’est celui qui décide que la miséricorde de Dieu soit victorieuse. Or nous connaissons le visage de cette miséricorde, Jésus-Christ que nous sommes invités à imiter. Ainsi, vivre le pardon, c’est permettre à Jésus de réaliser encore une fois la victoire de la croix sur le mal. Le « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font », se réactualise à chaque sacrement du pardon.
La miséricorde c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché. La miséricorde est source de joie, de sérénité, de paix, elle est cette flamme de l’espérance qui ne cesse d’allumer le feu pascal, le feu de la résurrection. Alors, en cheminant avec le Christ sur ce chemin de la victoire, laissons-nous éclairer par sa parole afin de nous donner aux autres et à notre monde la joie de toujours espérer. Car Christ a vaincu le monde, le péché. 
P. Désiré Achi