L’amour de Dieu et de l’humain

Chers Frères et Sœurs en Christ et en humanité, 
L’amour de Dieu et de l’humain résume à suffisance l’enseignement de la Bible. Toutes les pages de la Parole de Dieu sont invitation à correspondre à cette relation à la fois verticale et horizontale. C’est le grand enseignement de l’Évangile de ce 31ème dimanche ordinaire B : appel à aimer d’un unique amour Dieu et le prochain pour se rapprocher du Royaume. 

La question du scribe qui ouvre l’Évangile de ce dimanche pourrait prêter à équivoque. L’on a d’emblée l’impression qu’il voudrait que le Christ établisse une hiérarchie dans les commandements, quand on sait, qu’en plus des dix Paroles du Sinaï, plusieurs autres règles et interdits se greffaient à la pratique religieuse juive. Le premier, dit Jésus, c’est le commandement de l’Amour. 
Dans la première lecture, tirée du Deutéronome, le « Shema Israël » rappelle le caractère premier du commandement de l’amour de Dieu : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. » (Dt 6, 4). C’est le premier commandement non pas parce qu’il se placerait en tête d’une liste, mais en raison de sa priorité absolue. C’est la source de laquelle découlent toutes les autres prescriptions. C’est pourquoi l’homme se doit d’aimer l’Unique Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force. (Cf. Dt 6, 5 ; Mc 12, 30) 
Mais il existe un risque de croire que le culte religieux seul serait l’expression parfaite de cet amour au Dieu unique. Jésus nous apprend qu’il n’en est rien. Le culte rendu à Dieu sans amour du prochain n’a pas de sens. Le terrain de la relation au prochain rend témoignage à l’amour de Dieu, qui nous invite à ne pas nous arrêter à la pieuse dévotion. La vérité est qu’il n’y a pas d’amour possible de Dieu pour celui qui refuse d’aimer son frère et sa sœur en humanité. 
Aujourd’hui encore, cette corrélation que le Christ établit entre le commandement divin et humain de l’amour parle à notre pratique religieuse et nous invite à quitter l’illusion d’une relation à Dieu qui ne serait que cultuelle, sans impact dans notre relation au prochain. L’intensité du lien qui rattache le fidèle chrétien à son Dieu lui impose de rediriger son amour vers celui qui tient la place de Dieu, c’est-à-dire l’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26). L’amour de l’homme devient ainsi le critère sûr de l’amour de Dieu, car « celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20). Dit autrement, l’amour de Dieu ne se résume pas à notre participation à la messe, aux prières et dévotions, aux offrandes et dimes versées. En plus de tout ce qui précède, il faut se laisser toucher par la souffrance de l’autre ; travaillant à relever le prochain des situations de misères existentielles dans lesquelles il se trouve. Que vaut ma prière si je ne compatis pas à la souffrance du malade ou de l’endeuillé ? Que valent mes nombreux dons à l’Église si je suis incapable de nourrir le pauvre qui crie ? Comme dit le Christ : Voilà ce qu’il fallait observer sans abandonner le reste. (cf. Luc 11, 42)
P. René TCHALAGASSOU

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