En marche !

Ce deuxième dimanche du Carême est appelé Dimanche d’Abraham.
Il nous rappelle la condition itinérante du chrétien. Celui-ci est dans
le monde sans être du monde. Il est donc de passage sur terre. Citoyen du Ciel (Ph 3, 20), il languit après les demeures promises par le Christ (Jn 14, 2). Sa vie est donc un exil, même s’il peut déjà s’unir au
Royaume.
L’image du pèlerin décrit bien l’état du baptisé :
Il a besoin d’un guide : ce sera le Christ, Chemin de Vie (Jn 14, 6).
Il a besoin d’une carte : ce sera l’Évangile.
Il a besoin d’un refuge à chaque étape : ce sera l’Église.
Il a besoin de nourriture : ce seront les sacrements.
Enfin il a besoin de compagnons de marche : ce seront les chrétiens.
Le chrétien ne marche pas seul vers le Royaume, sa quête de Dieu ne saurait être individuelle.
Celui qui cherche Dieu finit par trouver l’Église. Au contraire, un
croyant qui fait cavalier seul finit par s’égarer.
Nous sommes sur terre pour quelques dizaines d’années tout au plus
et nous sommes destinés à la vie éternelle. Or nous nous préoccupons
souvent plus de notre avenir que notre éternité ! Le Carême est le
temps idéal pour vivre les détachements qui nous empêchent de
marcher d’un pas ferme vers le Ciel, notre vraie patrie.
A travers le pèlerinage de notre vie terrestre, nous rencontrerons
des personnes immobiles. Il est important de les interroger par notre détachement. Par là même notre attitude sera missionnaire. Ces frères sont eux aussi conviés au festin des noces de l’Agneau et la salle du Royaume n’est pas trop petite pour l’Humanité (Lc 14, 22).
Le croyant vit déjà des promesses divines en adoptant une attitude
dynamique. Le Royaume échappe aux spectateurs. Par contre,
il est donné à ceux qui se lèvent et se mettent en marche.
Telle est d’ailleurs la traduction des Béatitudes dans la Bible Chouraqui : « En Marche ! ». Le bonheur récompense ceux qui s’élancent joyeusement vers le Royaume. Alors, bonne marche et rendez-vous au Ciel !

Père Matthias AMIOT