Tous saints

Dans notre monde blessé par une actualité toujours plus douloureuse, la question de la sainteté pourrait paraître superflue. A quoi bon en effet cheminer vers la sainteté lorsque chaque jour apporte son lot
de souffrances inacceptables ? Doit-on se résigner ainsi ? Est-il possible d’enterrer le talent de notre baptême sous ce prétexte très tentant ?
La sainteté est en réalité la meilleure réponse que nous pouvons apporter à ce monde en souffrance. Notre époque est marquée par une détresse sans précédent qui doit ouvrir grands nos yeux sur les signes des temps qui sont de plus en plus évidents. Dans une époque bouleversée et sans repères, la sainteté des baptisés est plus que nécessaire pour qu’advienne le Règne de Dieu.
Si nous sommes, par vocation, et par appel, lumière du monde (Mt 5, 14) nous nous devons d’éclairer ceux qui sont dans la nuit de l’exclusion, de la souffrance, de l’individualisme. Notre mission est de témoigner de la joie d’être enfant de Dieu à tous ceux qui en sont orphelins. Apporter Dieu à ceux qui ne l’ont pas encore reçu ou reconnu, tel est en effet le coeur de notre mission.
La sainteté consiste à vivre l’ordinaire des jours en Dieu et voilà ce qui donnera à nos existences le bon goût de l’Évangile. Sans le sel de la Bonne Nouvelle, la vie des hommes reste fade, car sans réelle perspective.
La sainteté n’est pas un Everest qui se monte à mains nues et sans oxygène, c’est au contraire un chemin intérieur où nous descendons de plus en plus en nous-mêmes pour laisser au Christ de plus en plus de place.
La sainteté est pour nous une exigence et non pas une option. Penser la sainteté comme facultative ou encore réservée à une élite est un glissement insidieux vers la routine qui dégénère inévitablement en médiocrité. Oui, nous sommes appelés à participer à cette aventure humaine et spirituelle des plus exaltantes.
Les saints étonnent par leur diversité, mais c’est la signature de l’Esprit Saint qui fait germer le baptême dans des terres bien diverses. Avons-nous seulement trouvé quel est le chemin sur lequel nous sommes attendus ?

Père Matthias Amiot