Le cri des jeunes

Jésus entre dans la ville, parmi les chants et les cris bruyants. Nous
pouvons imaginer que c’est la voix du fils pardonné, celle du lépreux
guéri ou le bêlement de la brebis égarée qui, tous ensemble,
résonnent fortement lors de cette entrée. C’est le chant du publicain et de l’homme impur ; c’est le cri de celui qui vivait en marge de la
ville. C’est le cri des hommes et des femmes qui l’ont suivi parce
qu’ils ont fait l’expérience de sa compassion face à leur douleur et à leur misère…
Cette joie de l’hosanna se révèle gênante et devient absurde et scandaleuse pour ceux qui se considèrent justes et ‘‘fidèles’’ à la loi et aux préceptes rituels. Joie insupportable pour ceux qui sont restés insensibles à la douleur, à la souffrance et à la misère. Et c’est
ainsi que naît le cri de celui dont la voix ne tremble pas pour hurler : ‘’Crucifie-le !‘’
Mais il y a aujourd’hui la possibilité d’un troisième cri : « Quelques pharisiens qui se trouvaient dans la foule dirent à Jésus : “Maître, réprimande tes disciples”. Mais il prit la parole en disant : “Je vous le dis, si eux se taisent, les pierres crieront” » (Lc 19, 39-40).
Faire taire les jeunes est une tentation qui a toujours existé. Il y a de nombreuses manières de rendre les jeunes silencieux et invisibles. Il y a de nombreuses manières de les faire tenir tranquilles pour qu’ils ne s’impliquent pas et que leurs rêves perdent de la hauteur et deviennent des rêvasseries au ras du sol, mesquines, tristes.
Chers jeunes, c’est à vous de prendre la décision de crier, c’est à vous de vous décider pour l’Hosanna du dimanche, pour ne pas tomber dans le “crucifie-le !” du vendredi... et cela dépend de vous de ne pas rester silencieux. Si les autres se taisent, si nous, les aînés et les responsables –bien des fois corrompus– restons silencieux, si le monde se tait et perd la joie, je vous le demande : vous, est-ce que vous crierez ?
S’il vous plaît, décidez-vous avant que les pierres ne crient !

Pape François, Homélie pour les Rameaux 2018, extraits