LES PAUVRES SAVENT DONNER

Quel contraste entre, d’une part les scribes dont il est question au début de cet Évangile, et d’autre part cette pauvre veuve qui se manifeste à la fin de ce passage. Les scribes sont des hommes instruits, des théologiens, des personnes qui ont de l’argent et aiment se montrer en public. La veuve, une femme sans instruction, pauvre et qui cherche à se faire oublier.

Jésus vient s’asseoir dans le Temple avec ses disciples, et là il observe. Des personnes de toutes conditions sociales défilent et viennent déposer leur offrande dans le tronc. Jésus sait regarder. Ses yeux sont perçants et pénètrent jusque dans le coeur de ceux qu’il rencontre. Il sait ce qu’il y a dans le coeur des scribes, également dans celui de cette pauvre veuve.

Il y a ceux qui donnent beaucoup, mais à vrai dire trois fois rien. Car ce qu’ils donnent ne va pas contrarier leur train de vie. Il y a celle qui donne que deux piécettes et qui va se priver de manger ce jour-là.

Les préposés qui vont relever le tronc en fin de journée se demanderont
sans doute qui a bien pu oser déposer deux piécettes :
c’est se moquer du monde, et puisqu’on est dans le Temple, de Dieu.

Mais Jésus ne regarde pas comme les hommes dont les yeux s’arrêtent aux apparences, il regarde le coeur. Je pense ici à une phrase de St Vincent de Paul : « heureusement pour les pauvres qu’il y a des pauvres, eux savent donner ». C’était vrai au XVIIè siècle : qu’en est-il au XXIè ?

Quand nous donnons, prenons-nous sur notre superflu ou sur notre nécessaire ? Avons-nous le coeur assez large et ouvert pour nous priver d’une sortie au restaurant, d’un vêtement que nous pourrions acheter, d’une place de cinéma ?

Comme Jésus, sachons regarder autour de nous avec des yeux avisés. Comme Jésus nous y invite, demandons-nous comment nous utilisons les biens dont nous disposons.

Père Jean-Luc Guilbert