Joie chrétienne

En ce Dimanche de Letare, littéralement ’Réjouissez-vous !’, nous sommes invités à lever les yeux vers la joie prochaine de Pâques, qui se rapproche de plus en plus. Le Carême est certes un temps pénitentiel, mais il ne faudrait pas qu’il devienne un temps triste et desséchant. La joie chrétienne n’est pas incompatible avec l’effort de conversion. Au contraire, l’élargissement du coeur est la meilleure préparation pour accueillir le don de Dieu. Le coeur qui se brise pour devenir chair (Ez 36, 26) offre un espace que Dieu viendra remplir et vivifier. Durant les célébrations pénitentielles de ce Carême, nous pourrions être attentifs à la joie qui vient habiter un coeur net et purifié.
S. Paul écrivait à ses frères de Thessalonique : « Soyez toujours joyeux » (1 Th 5, 17). Mais est-il possible de mettre en oeuvre ce programme de vie ? Oui, puisque
la joie est un don du Saint Esprit (Ga 5, 22), qui peut irriguer nos coeurs quelles que soient les circonstances. C’est une question d’ouverture et de disponibilité, comme le disait S. François de Sales : « Il ne nous appartient pas d’être joyeux. Mais il nous appartient d’être bons, ouverts aux autres. ». Certes, nos joies terrestres ne sont pas durables, cependant, si elles sont contredites par les épreuves de la vie, ces joies peuvent s’intérioriser en espérance et en attention aux autres. A l’image d’une rivière qui disparaît pour rejaillir plus loin, la joie ne sera pas éclatante, mais elle descendra dans les profondeurs du coeur pour nous donner la force d’avancer et le courage
de ne pas nous laisser abattre.
Enfin, gardons bien en mémoire que ce ne sont pas des visages tristes, des têtes de Carême, qui vont gagner au Christ, mais bien plutôt des visages rayonnants, qui vont attirer à l’Évangile. « Notre joie est le meilleur moyen pour évangéliser », notait Mère Teresa. C’est en voyant cette joie céleste sur nos visages et au sein de nos communautés que nous donnerons à voir, comme par un reflet, la Joie parfaite et éternelle du Père et du Fils, Joie qui est l’autre Nom du Saint-Esprit.

Père Matthias AMIOT