Adoration mondialisée

Ce dimanche 2 juin, solennité du Saint Sacrement, le pape François invite l’Église Catholique à vivre un temps d’adoration en commun. A 17 h (heure de Rome), dans toutes les cathédrales, et dans toutes les églises qui le peuvent, il sera proposé un temps d’adoration.
Cette première mérite d’être soulignée et sera certainement reconduite d’année en année. Elle nous invite à méditer sur une évangélisation de la mondialisation. Celle-ci conduit la marche des hommes depuis l’aube de l’humanité, mais ces dernières décennies, elle a connu une accélération étonnante. Le monde est rapidement devenu un ‘village planétaire’, ce qui est une rupture dans notre histoire.
Dans ce contexte radicalement nouveau, les chrétiens ont à affirmer et à signifier leur communion à travers le temps et à travers l’espace. Et quoi de plus simple que de vivre dans un temps et un espace commun grâce à l’Eucharistie ? Cette dernière réunit en effet les baptisés dans un même temps, celui de Dieu, assumé par le Christ, et dans un même espace, celui de l’Église, qui est le Corps du Christ.
En vivant de l’Eucharistie, notre communion dépasse largement les limites de notre assemblée. Cette dernière, si modeste soit-elle, comme jadis à Emmaüs avec
deux fidèles, ou si grande soit-elle – comme à la messe de clôture des JMJ de Manille, en 1995, qui à rassemblé entre 4 et 5 millions de personnes, soit le plus grand rassemblement humain de toute l’histoire – est toujours une épiphanie de l’Église. L’Église dépasse toujours largement ses limites visibles. Un regard de foi suffit pour étendre l’Église aux confins de l’espace – puisque nous sommes en communion avec tous les baptisés du monde – et du temps, puisque nous sommes en lien avec les chrétiens de toutes les époques.
La mondialisation a choisi de mettre le profit à la première place, mais au détriment de l’humain. Il est donc prophétique de mettre la gratuité à la première place. Et quoi de plus gratuit qu’un temps d’adoration ? Temps donné, temps offert, temps qui vise la fécondité et non l’efficacité, temps de grâce et d’action de grâce, temps qui donne des forces nouvelles pour agir.
L’adoration proposée ce Dimanche est un pas important dans l’histoire de l’Église. Elle prend toujours plus conscience d’elle-même et de la communion des saints qui la tisse et la fait grandir à chaque instant. Dans le silence de nos églises, dans le coeur à coeur vécu avec le Christ, portés par une prière aux dimensions exceptionnelles, trouvons les forces de faire émerger un monde nouveau.
« Ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice » (2 P 3, 13). Puissions-nous répondre à cet appel en convertissant la mondialisation par le ministère de l’Église : passons d’un monde de consommation à un monde de communion, d’un monde d’efficacité à un monde de réciprocité, d’un monde économique à un monde eucharistique.

Père Matthias AMIOT